Il en va apparemment des grands voyageurs comme des religieux : dans leurs caravansérails s’y croisent et coudoient des contemplatifs, des apostoliques, des missionnaires, … Ils vouent à Hermès un culte qu’il ne renierait pas même si l’un arrivait à lui voler ses sandales ailées. Apôtres séculiers de la pérégrination, de la rencontre, du partage, ils prêchent, souvent avec talent, un certain art de vivre aujourd’hui (sur) la route/mer. Leur foi n’a d’égale que leur oecuménicité.

Ils se réclament d’une quête d’absolu, pratiquent leurs convictions au quotidien, prônent l’ascèse qu’impose la légèreté nécessaire de leurs bagages, promettent une vie meilleure, détachée, nourrie de la prodigalité infinie du monde et de la spiritualité des horizons. Leur humilité en bandoulière (à défaut quelquefois de leur modestie), ils sont les infatigables disciples/prophètes d’une philosophie alternative, ouvertement allègre, de la mobilité.  Ils (s’)y croient.

Éternels visiteurs, ils considèrent charitablement le mécréant sédentaire comme un reclus réfractaire à sa nature nomade, ou ne s’étant pas encore trouvé « debout, près du deuxième pilier, à droite ».

Les grands voyageurs ont (sans doute ?), comme les grands ecclésiastiques, trouvé leur voie… quoique souvent plus proche du « ni Dieu ni maître« .

Edit: Depuis très peu de temps les grands voyageurs (francophones) ont leur bible, lancée à grands renforts de réseaux sociaux et encensée par la congrégation des routards bloggeurs …


Of travelers

It apparently seems that great travelers are as religious : in their caravanserais, contemplatives rub shoulders with apostolics and missionaries … They devote a worship to Hermes who not deny them even if one came to steal his winged sandals. Apostles of the pilgrimage, meeting, sharing, they preach, often with talent, a certain lifestyle (over) road / sea. Their faith is as matched as their ecumenicity.

They claim a quest of absolute, daily apply their beliefs, advocate an asceticism imposed by the necessary lightness of their luggage, promise a better life, detached, feeded by the infinite prodigality of the world and spirituality of the horizons. Their humility slung over the shoulder (sometimes in lack of modesty), they are the tireless followers/prophets of an openly gleeful philosophy of the mobility. They believe in it(self).

Eternal visitors, they consider charitably the non-believer sedentary as a recluse refractory to his nomadic nature, or not having been yet « standing, near the second pillar, to the right ».

The great travelers, as the great clerics, have (whith no doubt ?) found their way … although it’s often closer to  « neither God nor master« .