Quel voyageur es-tu?

Dilettante et curieuse. Je n’ai aucune passion particulière pour l’architecture ou l’histoire ou la gastronomie ou que sais-je encore, les vieilles pierres ne m’émeuvent pas, je déteste me faire dorer sur les plages et encore plus le shopping, je ne suis pas éminemment sportive, … mais j’aime les surprises : j’écoute, je pose 1000 questions, je suis toujours prête à tout essayer, à faire de longs détours suite à un conseil enthousiaste, à dépasser mes limites pour rejoindre un inatteignable point et à m’émerveiller d’un rien.

En voyage je mange de préférence dans les boui-bouis locaux (mais j’aime bien aller prendre le petit dej dans les grands hôtels – le café y est souvent bon), je lis la presse locale comme si j’étais concernée, je me déplace en ville majoritairement en transport en commun et surtout je crapahute le nez en l’air sans véritable plan et profite de chaque interaction avec les autochtones, commerçants, serveurs, chauffeur de bus,… pour mieux me diriger vers leurs endroits privilégiés.

Ton plus ancien souvenir de voyage

Les déménagements. Mon père était dans la marine et cela signifie essentiellement que souvent nous partions vivre autre part. J’ai donc passé mon enfance dans les cartons et les promesses (tenues) de me faire de nouveaux amis ailleurs. Je me souviens particulièrement de notre arrivée à Dakar (Sénégal) au mois d’août en plein week-end de tabaski (fête religieuse musulmane): les odeurs lourdes propres à ces régions où le sable se mêle de tout, les couleurs franches des bougainvilliers, l’omniprésence d’une mer bruyante, les boubous éclaboussants, les marchés saturés, les retours de la pêche à Soumbedioune, … je suis immédiatement tombée amoureuse des rythmes de ce pays et plus tard de ceux si proche des pays voisins.

L’endroit que tu rêves de visiter

Petra et la Jordanie… mais mon rêve ressemble à une image vue dans Tintin et j’ai tellement peur d’être déçue (comme je l’ai été à Angkor par exemple) que je repousse sans arrêt ce voyage à une autre fois.

Edit : rêve réalisé avec bonheur en mai 2015 ! cf. Jordanie

L’endroit où tu ne mettras jamais les pieds

A mon grand regret, sans doute les Kerguelen (et la lune bien sur). Il y a des destinations qui ne sont que pour quelques uns dont je n’ai pas malheureusement pas l’honneur de compter parmi.

Ton pire souvenir, ta pire galère

Aucun(e). C’est la magie des voyages : ils transforment un mauvais souvenir en aventure, une galère en péripétie. Je crois que sur la route seuls les problèmes de santé sont de vrais emmerdements. Par chance je ne suis pas sujette au mal des transports, je n’ai pas peur en avion, je n’ai pas le mal de mer, aucun problème avec l’altitude, je n’ai jamais été malade (même pas une tourista en 2 mois et demi en Inde), je ne me suis jamais rien cassé, et pas un moustique malin ne m’a inoculée une saloperie. La seule fois ou j’ai atterrit dans un hôpital (pour faire percer un abcès dentaire) c’était à Ushuaia… et c’est du coup une gloriole.

Ton meilleur souvenir

J’étais la seule passagère à bord d’un porte-containers qui descendait le long des côtes Ouest Africaines (je suis une fan inconditionnelle de l’Afrique noire). J’étais sortie sans crainte à toutes les escales me balader dans les différentes villes portuaires (Dakar, Abidjan, Takoradi, Cotonou) pendant les temps des opérations sur la cargaison mais Lagos (Nigeria) me faisait peur. Il se trouve qu’une partie de l’équipage (suédois) à qui je m’étais ouvert de cet à priori avait exceptionnellement prévu d’y passer une soirée à terre et m’a proposée de l’accompagner. Je me suis retrouvée sans autre forme de procès entourée de ces 6 gaillards à écluser bière sur bière en chantant des standards de crooners dans un bar à putes d’un quartier glauque de cette ville tentaculaire où le patron a tenté de nous faire payer 3 fois une addition pour laquelle il a fallut palabrer longtemps. C’était tout autant chaud (à tous les sens du terme) que chaleureux, aussi typique que surréaliste.

Ta plus belle photo et/ou celle que tu aurais aimé prendre

Je suis une mauvaise photographe, je n’ai pas l’oeil (je trouve toujours mes cadrages mensongers) et je n’ose pas prendre de portraits. Les photos que j’estime « artistiquement » réussies sont donc quasi exclusivement des hasards souvent dus à la chance d’une bonne lumière. J’aime surtout, au détriment des paysages et monuments, les images de vie quotidienne et de rue (les bana-banas, les ceux qui dorment à même le trottoir, les échoppes ouvertes, les marchés,…). Mes meilleures photos sont souvent inintéressantes mais m’évoquent, et sans doute rien qu’à moi, des scènes en cascades.

Un conseil pour réussir ses vacances

Partir hors saison, léger et sans à priori, zen avec son sourire en bandoulière. Se faire copain avec les réceptionnistes, tenanciers de guest-house, et autres guichetiers et « pignons sur rue » qui ont toujours des bons plans.

Une rencontre particulière

Un mec (un marin?) qui vendait un sondeur un soir affalé sur un quai de Port Bou une fois qu’alors adolescente je descendais de Sète en Espagne à la voile : il était rond comme une queue de pelle mais il n’avait pas son pareil pour te faire croire que ce bout de ponton était un tapis volant. Je l’ai écouté déblatérer tout en essayant de caser son appareil une bonne partie de la nuit et quand il est reparti après avoir dévidé en vrac ses histoires de mer et de pays lointains, c’était comme si, en une longue soirée, il avait minutieusement fignolé un propulseur dedans moi, j’étais devenue une voyageuse en puissance.

Ta prochaine destination

Je rentre à l’instant de 8 mois dédiés exclusivement à la route. A force je sais que la destination a finalement peu d’importance, ce qui compte c’est l’état d’esprit dans lequel on part et on est une fois sur place. Mais j’ai quasi promis à une de ces rencontres magnifiques, que l’on ne fait presque qu’en voyage, que je traverserais avec lui le canal de Panama… dont, sans doute, acte.

Interview réalisée dans le cadre la rubrique « Et si on parlait de voyages… » du (défunt) blog Mystinguette Corner