Potosi - Street ArtChaque ville bolivienne à son propre tempérament : après la flegmatique Sucre, Potosi se révèle sanguine. Naguère (au 16ème siècle), l’abondant filon d’argent du Cerro Rico (la « montagne riche ») finançait meurtrièrement l’empire espagnol et nourrissait généreusement grâce à ce métal précieux cet alcazar opulent et fastueux. Aujourd’hui les hommes continuent artisanalement et difficilement à y exploiter plutôt mal que bien les derniers gisements d’argent, de zinc et d’étain.

De cet héritage prospère il reste 33 églises de pierre quelquefois ouvragée, une débauche polychrome d’architectures exubérantes, des mines archaïques (où s’est développé un tourisme pernicieux mais vivrier des galeries sous-terraines) et dans l’air et les rues une atmosphère sociale tout autant bourgeoise que prolétaire. Les barrios mitayos (quartiers ouvriers) sont mitoyens du centre historique et de l’hôtel de la monnaie

Bolivie - Potosi / Cerro RiccoBolivie - Potosi / Iglesia De San BernardoBolivie - Potosi / Mirador de Pary Orcko

Comme d’habitude le marché central couvert déborde joyeusement sur les rues adjacentes; tout et n’importe quoi s’achète à même le trottoir, les empanadas, tortillas et bugnes des marchands ambulants font des repas gras avalés sur les bancs des squares. Dans le parc en face de la Iglesia de San Bernardo d’un coté et de l’université de l’autre, des jeunes jouent sur des dizaines de baby-foots installés sous bâche. Dans la partie occidentale de la ville, la tour de guet de Pary Orcko (un restaurant panoramique à priori) culmine, étrangement anachronique, presque plus haut que cette ville dite une des plus haute du monde.

Potosi a cette superbe sans prétention que se permettent les villes vaniteuses tombées en désuétude, fière mais détachée de leur splendeur d’antan, humble et laborieuse, orgueilleuse encore par nécessité de survie, assez revêche au premier abord mais tendre au fond.

Bolivie - Potosi / Mercado CentralBolivie Potosi / Pro MujerBolivie - Potosi / Vendeuse de jus de fruits