Brésil - Salvador De Bahia / Eglise São FranciscoUne légende raconte que Salvador de Bahia compte 365 églises, soit une par jour de l’année et même si en vérité il n’y en a qu’un peu moins de la moitié, c’est déjà si excessif que l’impression de tomber sur l’une d’elles à chaque coin de rue n’est pas erronée; cette ville est stricto sensu un chemin de croix, de la ville basse au bord de la baie de Tous les Saints à la ville haute historique, partie la plus touristique, 72 mètres plus haut (reliées aussi par l’ascenseur Lacerda).

Les croyances et la religion yoruba, fondées sur le culte des orishas, furent importées, en même temps que les hommes, dans ce très catholique comptoir portugais trois siècles durant les vagues de traites négrières (Guinée, Angola, Nigéria, Congo, Bénin), et, après les avoir amalgamées, la ville capitalise aujourd’hui en toute ferveur sur ses ascendances coloniales et africaines (mais où sont les indiens ?). Cette hybridation à moitié conciliante est partout dans les rues, l’air, les carrefours, les traditions populaires, les disparités sociales, le folklore, le rythme et le quotidien.

Brésil Salvador De Bahia / Rua Do CarmoBrésil - Salvador de Bahia / Femme Costume TraditionnelBrésil - Salvador De Bahia / PelourinhoBrésil - Salvador De Bahia / FitasBrésil - Salvador De Bahia / Percussions (Swing do Pelô)

Pour le pittoresque, les manifestations de cette mixité sont bariolées, épicées, scandées : les « Fitas » multicolores (rubans porte-bonheur) noient de vœux les grilles des églises, les peintures naïves vives couvrent les murs des échoppes de souvenirs, les acarajés (beignets bahianais) grésillent dans l’huile bouillante aux étals des « baianas » (femmes en grande jupe cloche traditionnelle), les formations de percussionnistes s’entraînent bruyamment en pleine rue, les danseurs de capoeira se donnent en spectacle sur les places.

Brésil - Salvador De Bahia / Eglise du Tiers-Ordre de Saint-FrançoisBrésil Salvador De Bahia / Musée Afro-BrésilienBrésil - SalvadorDeBahia / Arsenal 2e District Naval De La Marine Du Brésil

De l’autre coté des façades polychromes du centre historique et du Pelourinho, l’envers du décor grossièrement étayé est déjà moins pimpant, et rapidement, au delà de ce quartier, les pavés sont défoncés, les façades s’effritent, et les beaux bâtiments se délabrent… mais il y vibre un vécu communautaire, une transmission culturelle, culinaire, musicale, moins formatée, moins picturale, plus prosaïque, tout aussi palpitante (un peu plus brute et dangereuse aussi).