La plage c’est l’apanage du Brésil qui avec près de 7500 km de littoral n’en manque effectivement pas. Au Nordeste où le climat est enchanteur et les eaux chaudes toute l’année, les plages sont toujours estivales, même quand, comme à Recife, infestées par des attaques mortelles de requins. C’est le temps vacancier des parasols, de la crème solaire et des vendeurs ambulants, d’écouter chanter la mer et de compter les grains de sable bouillant, de scruter l’horizon, de se liquéfier.
La plage c’est ce lieu de loisirs, d’enfance, d’oubli universaliste, délicieusement régressif, faussement égalitaire quand on a grandi, un lieu de transit, un lieu de rien où tuer le temps, un non-lieu submergé par les marées et les corps sacrifiés au soleil iodé, une frontière coincée entre la terre de tous les jours et le grand large des découvertes. Les plages, au contraire des ports, ne sont pas des promesses de départs.
De Salvador de Bahia à Natal, où n’est pas encore à quai le cargo du retour, il y en a de toute sortes : des familiales, des sportives, des coquettes, des désertes, des balnéaires, des bétonnées, des sans fin, des ombragées, des festives, des avec promenade ou jetée, des protégées, des surplombées de dunes, … Elles sont rarement sauvages, parfois belles, volontiers distrayantes, souvent tristes, toujours familières. En face, Conakry n’est “qu’à” 1600 milles marins.
