buon-ma-thuotChoisir Buôn Ma Thuột comme étape c’est passer par les hauts plateaux vallonnés, couverts de caféiers, pour entrer, à contresens, par la porte utilisée par les nord-vietnamiens pour déferler sur le sud et Saïgon *: un char monumental, pontifiant, agressif, canon pointé, est monstrueusement posté à l’entrée de la ville avec tout le décorum marxiste de rigueur. Il n’y a pas d’autre élément remarquable, pas un touriste occidental, exclusivement une vie locale, flegmatique, étonnée et affable et des ladys bouddha auréolées de halos électriques irisés.

HoiAn1Au bout d’une longue nuit de route, Đà Nẵng débouche au bout de ses ponts sur la mer de chine méridionale, ses plages, ses bleus, ses horizons et finalement Hội An. Et là, malgré que la vieille ville – piétonne – soit diablement saturée d’estivants, c’est dans les détails comme si le temps s’était arrêté et épargnait tout ce qu’il traverse : les maisons patinées jaunes aux volets de bois rouges tropicaux, les lampions, les sampans aux regards félins, les reflets blonds à la nuits tombée, les gestes des pêcheurs, les filets aériens, les femmes au marché, … plus qu’ailleurs, toutes les allégories éveillées de la Cochinchine. Hội An est une ville pour flâner, musarder, s’ébaubir des multiples influences culturelles, s’asseoir, regarder la vie se perpétuer, s’éterniser.

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Et c’est encore plus ostensible, plus limpide, alentours : rien que pour aller à la plage de An Bang, les rizières, leurs paysans et leurs buffles, le village potager et fleuri de Tra Que, les marécages et les bassins où les pisciculteurs bottés plongent inlassablement leurs nasses, les bras d’eau où paressent les embarcations de bambou, tout les hommes et leurs activités, la nature, ses cycles et ses couleurs participent l’air de rien, sans façon, calmement, à une espèce d’immuabilité éthérée, allègre, bienheureuse.

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HoiAn_MySonA l’aube qui embrase leurs pierres rouges, même les temples du sanctuaire de My Son, pourtant sérieusement endommagés par des bombardements américains, n’insufflent qu’une respectueuse quiétude.

Cette province, ce carrefour, à un goût d’universel, et, sans mentir, diffuse l’harmonie, la douceur de vivre aujourd’hui, la beauté suffocante d’être au monde, et la puissante réserve de plénitude qu’il recèle.

*cf. Bataille de Buôn Ma Thuột