BolTibetAprès 60 jours de pérégrination, le voyageur, quoi qu’encore novice, peut-il considérer avoir fait ses premiers pas dans le monde, avoir passé une espèce d’épreuve du feu, être quelque peu initié à la route ?

  • Les heures passées à cuire ou grelotter dans toute sorte de transports comptent-elles comme un baptême ?
  • Vivre avec un sac à dos finalement toujours trop rempli / plein / lourd valide-t-il un statut d’itinérant ?
  • Avoir adopté la règle « manger quand c’est possible, pisser – quand décemment – pareil » permet-il de se prévaloir d’un rythme de vagabondage ?
  • Qu’il connaisse par cœur ses numéros de passeport et de visas à force de remplir des formulaires administratifs est-il signe de titularisation ?
  • Si la conversion de l’ariary malgache en roupies indiennes est devenue une amusante opération mentale, et que, même quand la monnaie locale semble coûter peu cher, il ne se croit plus à jouer au monopoly – et que donc il passe son temps à négocier – , cela confirme-t-il son internationalisation ?
  • La peau si tannée que même les moustiques s’en détournent, les cheveux de paille, les mêmes vêtements lavés / essorés à la main tous les soirs où c’est possible sont-ils le costume et la preuve de son état de migrateur ou de romanichel ?

Nul ne prend du galon à courir la planète.

Chaque réveil est une nouvelle expérience, le nouvel épisode d’un feuilleton qui s’écrit au fil des inspirations, des rencontres et du hasard. Comme un personnage intemporel, le globe-trotter apprend de chaque péripéties mais ne vieillit plus. Et même si parfois, fatigué ou exalté, il se dit que là et maintenant, ça y est, d’en avoir tant déjà vu, il pourrait disparaître tranquillement, se fondre, son insatiable curiosité enfantine le ranime et l’entraîne chaque fois vers le nouvel horizon du jour.