Rien à faire, ni l’excursion en chaloupe à l’ile Éléphant et à ses grottes–où les restes de sculptures de Shiva demandent d’être sensible à la vieille pierre, ni le sympathique et cosmopolite café Mondegar, ni même l’invitation à une tonitruante fête de mariage indien, calèches kitchissimes et rubans de pétards à l’appui, n’arrivent à rendre Mumbaï un tant soit peu attractive. Les placards LBT barrés à toutes les boutiques, d’abord pris pour une interdiction envers la communauté gay, affichent en fait une lutte des détaillants contre la « Local Body Taxe » censée remplacer l’octroi en vigueur ; d’après le « Times of India » une grève menace. Il est impérieux de fuir. Dans l’avion pour Udaipur, Lizzie, canadienne fraîchement débarquée de Toronto, aura le même discours alors qu’en plus elle s’est laissée convaincre et s’est tapée le « City tour ».

UdaipurUdaipur est en son centre et ses voies principales complètement habillée pour le tourisme (dizaine de guest-houses à toit panoramique – toutes vides parce qu’on est totalement hors saison (température moyenne de 35°C), grands placards partout pour tous types d’excursions, en bus, trains, taxis, éléphants…, étalages ad hoc de cuir, marionnettes, bijoux en argent, tailleurs sur mesure,…), mais elle reste une ville de charmantes rue(lles)s entrelacées –où se nichent, par quartier, les ateliers des susdits marchants– et réputée particulièrement romantique exclusivement grâce au lac Pichola, enjambé par pont et passerelle, bordé de ghats enluminés de femmes -saris chamarrés- à la lessive, orné d’îles commuées en somptueux palaces, et à sa rive Est, surplombée par l’immense City Palace.

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Udaipur3Et c’est vrai qu’au coucher du soleil, quand les lumières deviennent fauves, que les ambrés le disputent aux cuivrés, que les beiges transmuent en vermeils, que des centaines de chauve-souris s’élancent en ballet dans un ciel safran pour se rassasier des poissons de la pièce d’eau et que le palais s’illumine à la nuit naissante, ça donne juste un peu envie que plus rien ne bouge. Et puis la nuit tombe quand même, vite, et il n’y a pas d’étoile, mais les soirées sont presque fraîches et depuis les sofas des restaurants de la rive opposée, à l’abri du tintamarre folklorique mais épuisant de la vie locale, les reflets électriques qui scintillent à la surface calme de l’eau chuchotent en décors naturels les récits cosmogoniques du Rāmāyaṇa.

L’inde, le Rajasthan, Udaipur est comme un livre de Kipling mis a jour.

Salutations à Stéphane et à Eric (cf. le blog de ce dernier, qui vient de la lune et menace tous les jours de tuer une vache).