Antanarivo à pied

Pas un bout de trottoir défoncé sans sa au moins dizaine de bana-banas. A la faveur d’une pause clope le gazy du coin en profitera pour proposer dans l’ordre, un valiha ou un bâton de pluie, une cartouche de clopes, du cannabis, un « petit garçon »…

Du haut de l’escalier de la place de l’indépendance, la vue (la perspective) donne l’impression de plonger dans une descente de grand huit au milieu de parasols crasseux -c’est vendredi, jour du marché d’Analakely (la remontée s’apparente plus à un exercice d’entraînement au kung-fu dans un film de Tarentino*).

Dans le ravin de ces marches, la non moins grouillante avenue de l’indépendance (ou de la libération?) -au coin de laquelle le cabaret le Glacier, haut lieu emblématique de Tana, abrite ses expatriés accompagnés et ses manifestement hétaïres qui attendent au bar d’entreprendre activement le prochain vazaha vieux garçon qui en franchira le seuil- offre l’ombre de ses arcades tout droit jusqu’à la gare (désaffectée), belle bâtisse restaurée, 4×4 hummers clinquants dans la cour gardée, transformée en galerie marchande chère, froide (premier -et seul- lieu climatisé rencontré !) et impersonnelle (comme au même endroit le « Café de la gare », restaurant, bar lounge huppé de la capitale).

Madagascar-Tananarive-1

En continuant au nord des marches enfin grimpées, au bout d’une nouvelle descente, le marché d’Andravoahangy condense, à ciel heureusement très ouvert,  et dans une disposition tentaculaire, cacophonique, bruyante et capiteuse tout l’artisanat (broderie, vannerie), la culture (pierres précieuses), l’alimentation (volailles, épices, …), la fripe, la ferronnerie, … tout Madagascar (?) C’est joyeux et suffocant, abondant tout autant qu’écœurant et quelquefois oppressant (trop contraignant -honteux- d’y sortir un appareil photo dernier cri).

Au retour, grand détour via les ruelles pavées toujours autant en pente qu’escaladées bruyamment par les taxis 4L et 2 chevaux beige de la ville, par le lac Anosy, son monument au mort, ses lettres Hollywoodiennes et le marchés au fleurs (ce n’est malheureusement pas du tout la saison des jacarandas -pas plus que des litchis). Comme partout où il y a un point d’eau, des femmes, entourées de leur marmaille, font la lessive qu’elles étendent à même les herbes alentours et les hommes pissent débout où ils sont sans autre forme de procès.

Madagascar-Tananarive-2

Soit une petite dizaine de kilomètres à pieds (dixit google map) par 30 degrés. L’achat d’un chapeau fut évidemment une obligation, mais n’a pas empêché un premier coup de soleil.

*cf. Kill bill Vol. 2, au temple bouddhiste de la Montagne de Mia Gao (Zhongwei, Chine)