Bombay Café MondegarBombay s’éveille à la même heure que le Paris de la chanson et à cette heure là les feux tricolores sont complètement ignorés par tout les conducteurs. Le chauffeur sikh du taxi (pré-payé en arrivant à l’aéroport) est à la hauteur, ne parle pas un mot d’anglais mais brûle le pavé jusqu’à la mer d’Arabie et le sud de la ville à Colaba (Le quartier touristique).

Le ciel épais est plombé de pollution, la lumière compacte est blessante, les odeurs acides sont surchargées, les avenues sont empêtrées, les banlieues nord sont pour le moins effritées, les devantures hétéroclites sont délavées, les klaxons gueulards sont déjà omniprésents, la passerelle maritime de Bandra-Worli est une étonnante (et polémique) bretelle excroissante, l’immense plage promenade de chowpatty est atone, la mer est éteinte et sourde.

BombayRoadFromAirport

L’hôtel ne fait pas de check-in à cet heure ci. C’est l’occasion d’assister aux levers de ce petit bout atypique de la ville: l’accueil à la Porte de l’Inde, encore vide de sa foule, est hitchcockien (des centaines de pigeons et corbeaux croassants), des dizaines de barcasses se dandinent mollement dans la rade, la façade meringuée du Taj Mahal Palace est défraîchie, pile en face une petite famille des trottoirs se réveille et un homme fait sa révérence (prière?) au soleil. Il n’y pas encore une seule femme à déambuler sur la jetée, pas un seul sari clinquant pour enluminer ce môle engourdi.

BombayColabaMorning

Il faudra dormir d’abord, pour ne pas s’arrêter à cette première impression de voyageur groggy par une mauvaise nuit blanche, l’accablante canicule et les effets stroboscopique des ventilateurs.