Expo Paris Delhi Bombay 2011Partir au long cours c’était obscurément se prendre pour un héros solitaire, intrépide et sauvage. Revenir c’est devoir endosser le rôle, l’accepter, le vivre malgré que le voyage n’ait ni été particulièrement épique ni n’ait changé la face du monde. Retourner à l’ordinaire c’est se comporter comme un imposteur : mal répondre aux presque pénibles curiosités, légitimes mais décalées, laisser planer des fantasmagories faute de pouvoir partager ses mirages, ne pas exprimer d’étonnement aux étrangetés retrouvées.

Comment n’être plus ailleurs fait écho à la délectation d’être chez soi, d’y perdre encore secrètement du temps à chercher une trace de ce quelque chose qui n’est pas comme avant (qui ne devrait pas être comme avant), juste pour être sur que toutes ces il était une fois dans un pays fort lointain ne furent pas que poudre d’escampette ou de perlimpinpin déposée ici en fines couches sans empreinte (vouloir faire mentir, au moins provisoirement, la Genèse – « tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière »).

Rejoindre là-dedans son ombre négligée et s’y couler derechef sans effort, c’est passer de l’absence à l’oubli, glisser de l’égoïsme à l’abnégation, jouer le jeu, s’efforcer à la contorsion pour bien se ranger, se replier sur soi, se rentrer dedans; c’est l’accident sans dommage de fin de route, celui qui nécessite une lente et joyeuse convalescence avant de se reconnaître à nouveau dans son environnement, d’être autre qu’un revenant.