Et puis après un trajet de 13 heures aussi épique (sous un déluge épais, face à un arbre énorme, couché en travers de la route, essouché d’une terre devenue elle aussi liquide, le bus fit marche arrière sur quatre kilomètres de lacets jusqu’à trouver une largeur suffisante pour faire demi-tour) que somptueux (les météos de fin du monde font souvent, comme en contrepartie, le cadeau de lumières divines) ce fut une arrivée nocturne, sous crachin, à Vientiane (ville crêpe, qui n’a pas de centre, à part une fontaine très années 70, près de laquelle, à la nuit tombée, les péripatéticiennes déambulent sur talons aiguilles).

Le Mékong est toujours là, plus balisé, urbain, nationaliste face à la Thaïlande en regard, la ville compte à ses curiosités touristiques un arc de triomphe, un gong, des temples, des étages de galeries marchandes dédiés à l’or,… L’atmosphère est provinciale (et humide – la mousson se déchaîne une à deux heures par demie-journée).

Paksé est encore plus au sud, toujours au bord du Mékong, et y atterrir offre un stupéfiant survol du fleuve (une autre perspective de ce gigantesque fil d’eau reptilien). Tout est paisible, les couchers de soleil s’infiltrent sur les rives bardées de bouis-bouis où se retrouve les locaux pour des dîners barbecue qui grésillent.

Et enfin, tout au sud, presque à la frontière cambodgienne, les 4000 îles (qui doivent être moins nombreuses en cette période d’intempérance des eaux) explosent de leurs millions de nuances de verts jungle et rizière rehaussées des bistres mordorés des flots. Dernier jour contemplatif sur Don Khong (hypnotisme de ce bouddha géant doré émergeant de la fortification végétale), dernière nuit laotienne au sein de sa veine (tel un Moïse), au-revoir saisissant à ce long pays ensorcelant.

Laos_Route13
Vientiane-World-Peace-Gong
Pakse 4000Iles
4000 îles