7 décembre : ambiance veille de fête.

Foutoir à l’arrivée à Part-Dieu ce vendredi soir: il a neigé le matin, le métro D est en grève et la gare est bondée des autres visiteurs venus en nombre pour cette fête des lumières à Lyon. C’est sans doute une mise en condition pour signaler immédiatement qu’il va falloir joyeusement déambuler à pied dans cette ville, au milieu d’une foule nez en l’air pour admirer les éclairages dont se pare la cité 4 nuits durant. L’illumination de la pyramide au sommet du crayon ne dément pas.

Le tour commence par la cathédrale Saint Jean sur la façade de laquelle s’échappent les gargouilles qui décèlent et révèlent, dans un ensemble de tableaux et de rouages immenses et colorés, les arches, la rosace et l’horloge de la Primatiale. Dans les petites rues pavées du quartier, et jusqu’à la Saône, les vendeurs de vin chaud postés à chaque coin proposent leur doux breuvage.

Lyon Fete Des LumieresAu détour d’une rue de la presqu’île, l’éclatante sarabande des animaux magnifiques, serpent en tête, se déroule au son des frappes et des grelots de ses marionnettistes qui animent manuellement qui un singe immense, qui la roue d’un paon démesuré ou la queue d’un tigre gigantesque.

Place des Terreaux, sous un crachin doux, la projection magistrale et rythmée file une belle allégorie lumineuse sur 3 des bâtiments (dont l’Hotel de ville et le musée des beaux-arts) qui encadrent bourgeoisement l’esplanade: ici un homme décroche la lune, les architectures s’ouvrent et se démontent et les constructions s’effondrent sur les spectateurs. Au sortir de la place, en traversant la cour de l’hôtel de ville, ouverte pour l’occasion, on accompagne les poupées japonaises géantes qui vont déposer leur cocon lumineux dans la fontaine (qui du coup ressemble un peu à un nid d’aliens).

Lyon Fete Des Lumieres

En descendant la Rue de la Ré(publique), haut lieu de flâneries estudiantines, on suit les lampadaires balisés de filtres rouge, on croise un coeur multicolore fashion, on passe sous les scintillantes arcades bollywood et on débouche sur un dragon fumant et cubique vert, jaune et rouge plongé dans les bassins de la place. Sur le théâtre des Célestins défilent en trompe-l’oeil différentes techniques artistiques qui crayonnent, modèlent, redessinent, repeignent, et éclaboussent toute la surface du monument.

A l’arrivée sur la place Bellecour, des cyclistes volontaires, sous les encouragements des badauds enthousiastes, génèrent, jusqu’à l’apothéose, l’énergie nécessaire à la course folle du cheval de Louis XIV.
… et comme après 2h30 de ballade il commence à faire vraiment froid et faim, l' »Espace brasserie » offre un bien agréable havre de chaleur, de pâtes au gambas et de bons verres de St Joseph.

Pour rentrer, le métro n’est accessible qu’après une queue encadrée de parc d’attractions: choix est fait de regagner pénates par le pont de la Guillotière, au dessus duquel flotte d’étranges têtards luminescents, mais qui offre un vue sans pareille sur la basilique de Fourvières qui passe de tons ocre à bleu puis vert et n’oublie pas de remercier Marie.


8 décembre : anciennes et nouvelles traditions

Lyon Fete Des Lumieres

La fête des lumières est originellement une célébration religieuse (jour de fête de l’Immaculée Conception et, pour Lyon, rappel d’un vœu (dit des échevins) de remerciements annuel à la vierge suite à la fin d’une épidémie de peste en 1643) et populaire (illumination spontanée des fenêtres par les lyonnais alors qu’en 1852 l’inauguration de la statue de la Vierge Marie, qui avait déjà été reportée suite à une crue de la Saône, venait d’être à nouveau décalée à cause d’un violent orage).

Lyon Fete Des Lumieres LumignonsA ces titres, le 8 décembre de chaque année, les lyonnais alignent, en rang serrés, à toutes leurs fenêtres, des lumignons opalescents (il parait que jusqu’à pas si longtemps, les cloches sonnaient vers 19h l’heure de la mise en feu).
C’est une activité encore plus merveilleuse que la décoration d’un sapin de Noël : après avoir remonté de la cave les pots de verres qui protégeront les petites bougies, s’être brûlé cinq fois pour allumer les soixante mèches nécessaires, avoir disposé le tout harmonieusement sur le rebord extérieur des balconnières et trouver ça super chouette, on peut sortir voir à quoi ça ressemble de la rue et partir pour la promenade du soir qui est comme une chasse aux fenêtres bardées de loupiottes, aux balcons incandescents de lueurs jaune, aux façades ornées de chandelles vacillantes. Et c’est beau.

Détour par une représentation de rue qui utilise les carreaux d’une usine pour donner à voir, en ombres chinoises, une allégorie chaplinesque du monde ouvrier.

La ferveur laïque ajoute désormais à ce soir-là un somptueux feu d’artifice tiré depuis la passerelle du collège au-dessus du Rhône.
Une bière au Bus, quai du Général Sarrail (embouteillé de dizaines d’autocars), est le meilleur endroit pour se donner rendez-vous au chaud et être certain de retrouver famille et amis dans la cohue dantesque et inextricable qui se presse pour assister au spectacle depuis le pont Lafayette – paré d’oriflammes qui fasèyent tant au vent qu’aux leds arc-en-ciel alternées qui les font flamboyer.

Vingt minutes de pyrotechnie, de comètes, et de bouquets crépitants plus tard, les yeux encore éblouis par les photons des éclats d’étoiles il faut fendre la foule compacte qui remonte du quai pour à son tour accéder aux fresques (à priori) interactives projetées sur des tronçons de la berge. La soirée se finit par une verveine dans un grand appartement cossu avec vue sur la place du maréchal Lyautey ou la statue dudit officier s’ébroue sous un habit de lianes fluorescentes.

…La fois prochaine, il faudra aussi suivre la procession aux flambeaux, embrasser l’ensemble de la ville du haut de la colline, pousser jusqu’à la Croix Rousse, …