Kampong PhlukLe lac Tonlé Sap sextuple sa superficie entre saison sèche et saison des pluies. Certains villages de pécheurs sont donc plus ou moins au bord de l’eau, quand ils ne sont pas encerclés par elle, isolés de la terre ferme, oasis égarées, perchées sur pilotis, armadas immobiles amarrées par le fond.Se rendre à Kampong Phluk demande d’embarquer sur une des dizaines de prames collées-serrées au bout d’une digue en terre plus que chaotique (billet acheté en amont, au sec, à quelques kilomètres parcourus ballotté en tuk-tuk-cross) et qui s’évanouit dans l’eau faussement étale. Une fois à bord, sur quelques centaines de mètres, les locaux qui empruntent encore cette jetée à moitié noyée à pieds ou à vélos (garés dans le feuillages des derniers arbres avant les fonds) marchent sur les flots, christiques, suspendus entre le ciel et son reflet brouillé.

KP9Après une lente promenade les premiers bâtiments (administratifs) surgissent aussi hauts que les arbres qui émergent, solides, et puis c’est le village dit inondé, les habitations graciles, frêles, fragiles, comme une arche de Noé, une nuée d’échassiers. C’est l’heure de la sortie d’école, les enfants rentrent qui en pirogue qui en barque ou en quoi que se soit qui flotte, les pécheurs ravaudent leurs nasses et filets, chacun monte et descend sans cesse des échelles de bambous branlantes, les rues aquatiques sont ballottées par les ondes croisées des moteurs tapageurs, encombrées de lotus arrachés par les hélices.

A la sortie du village, une forêt pétrifiée, une mangrove de racines entrelacées au bord de laquelle des maisons flottantes posées sur bidons oscillent… et puis, presque sans prévenir, l’embouchure du lac, le lac, l’horizon.

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