Chili / San Pedro De AcatamaSan Pedro de Acatama est le lieux parfait où cuver l’insolation qui s’est acharnée dans les déserts du Sud Lipez; une espèce d’oasis perdue −quoique devenue plutôt bobo− au milieu d’un reg outrageusement beige de roche poussiéreuse, ramassée en de charmantes constructions hâlées d’adobe (briques de terre et de paille cuites au soleil). Les excursionnistes rentrent le soir ravis des différentes randonnées pédestres, équestres, en vélo ou à moto que proposent les tour opérateurs du coin (vendu comme la capitale archéologique du Chili où le ciel est le plus pur au monde).

Le coup de chaleur une fois absorbé, le but est de rejoindre la côte, puis au final Santiago, ce qui, important rendez-vous oblige, ne laisse pas le temps de s’appesantir sur le trajet (c’est grand le Chili). Sur la route Calama et Antofagasta, région de mines de cuivre… et la route est interminable, et semblable tout du long, et succincte −les canyons qui se déploient, l’asphalte qui poudroie, les plaines stériles qui rougeoient, et tout aussi insipide que tourmentée, rêche, concassée, monolithique.

Chili / Route 23Chili / Calama

A Calama, dans les terres, les mendigots jonglent aux carrefours pour quelques pièces, les affiches électorales bataillent pour les présidentielles à venir (finalement remportées par le PS), les casinos appellent les paies des mineurs. A Antofagasta, ville autant montagnarde que portuaire, maritime, occidentalisée, au centre coloré −architecture et street art vindicatif, des panneaux sauvages remémorent la dictature d’il y a quarante ans, et en bord de mer les barres seventies côtoient des habitations de fortune. Et chaque fois des « mercado central » bouillonnants et truculents mais aussi d’immenses malls climatisés, clinquants, à l’américaine, comme pour marquer le libéralisme hérité, manifestement inégalitaire et galopant.

Chili / Calama - A un CarrefourChili / Affiche Electorale - Marcel ClaudeChili / Antofagasta Streert Art

Peut être à cause du temps qui, « bas et lourd pèse comme un couvercle »*, il y a quelque chose d’aride et de désolé, d’hostile, une sorte de pugnacité refoulée, rigide et volontariste mais résignée. C’est étrange et désabusé, domestiqué mais têtu, distant.

Chili / Antofagasta - Maison De La CultureChili / Antofagasta - Front De MerChili / Antofagasta

* « Spleen » de Charles Baudelaire