Le seul train de voyageurs de Madagascar relie encore, quoique difficilement avec une locomotive diesel hors d’age, Fianarantsoa à Manakara, soit environ 170 kilomètres avec approximativement une gare tout les 10 kilomètres. C’est certes un concentré d’authentique pour le visiteur (qui voyagera quoiqu’il advienne en première classe parce que faut quand même pas pousser trop loin la couleur locale) mais surtout une ligne absolument substantielle pour les habitants et différents exploitants et producteurs enclavés demeurant le long de la voie.

TrainFianarantsoaManakara

Convoqué à 6h45 (suite à réservation nominative effectuée la veille et inscrite au crayon de papier par la préposée sur un schéma du wagon) il faudra d’abord attendre 2 heures que le train soit effectivement là pour confirmer son siège (entériné du coup au stylo bille) et payer son billet. C’est alors la ruée des locaux pour obtenir une pas trop mauvaise place en seconde classe, les derniers arrivés feront le voyage sur le marche-pied. La motrice, elle, n’est pas encore arrimée et mettra encore une heure à faire son apparition … sur la voie d’à coté (et les changements d’aiguillage se font manuellement au marteau). Avec 4h30 de retard sur l’horaire de toutes façons virtuel, le tortillard finira par s’ébranler à grand renfort de trompe digne des tchou-tchou d’un générique de western.

Train Madagascar - Fianarantsoa Manakara

Commence, à un train de sénateur, une épopée qui durera quatorze heures (donc, malheureusement, la moitié par nuit noire) rythmée par les 16 gares et différents arrêts du trajet traversant la forêt tropicale. Le train serpente précautionneusement -on est pas à l’abri d’un déraillement- via la jungle mal élaguée et un nombre impressionnant de véritables ouvrages d’art -ponts et tunnels qui ne peuvent manquer de faire songer à la main d’oeuvre, notamment venue de chine, qui a du souffrir/mourir pour les édifier dans de telles conditions.

Pendant les chargements, plus ou moins longs, du fret (à une des étapes, 6 tonnes d’oranges, panier par panier portés à tête de femmes en un interminable défilé), des fillettes proposent aux fenêtres les produit locaux dont il faut profiter sur le champ puisqu’on ne les retrouvera pas à la station suivante (bananes, beignets et samosas, suivis d’écrevisses d’eau douce puis de poivre ou encore de vanille, …) et c’est débauche de becquetance sur les semblants de quais encombrés, et c’est bon.

L’architecture et les matériaux de construction des maisons, cabanes, masures changent aussi de « en dur » à de plus en plus souple au fur et à mesure que s’approche la côte de l’océan indien.

Sur la fin, le wagon de première classe sera tout aussi bondé en hommes, victuailles, ballots, poulailles,… que le reste des voitures et le tout se déversera, exsangue et mûr, prêt à être cueilli au terminus où se presse combative et en rang serré l’habituelle cohorte de tireurs de pousse-pousse.

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