Buenos Aires c’est un concentré d’Europe de l’ouest dilué dans le bain de l’Amérique latine, un métissage raffiné d’Espagne et d’Italie plongé dans une capitale très parisienne remuée par les tumultes et désordres argentins. Ce samedi là, comme accueil, tout le quartier Monserrat scande et palpite au défilé, rue Mexico, de 27 formations de Candombe qui, de 4h de l’après-midi à 2h du matin, drapeaux et danseurs en tête, défendent leurs couleurs à coup de percussions survoltées… et ça vibre inattendu, de la plante des pieds au cœur, sismique, irrésistiblement entraînant, ensorcelant.
La Casa Rosada, une grève (chronique) du métro (le Subte), un petit déjeuner dans la très française brasserie “Café Tortoni”, la visite des ors et grenats du “Teatro Colón”, la frégate Sarmiento amarrée au bassin de l’hyper chic quartier de Puerto Madero et puis faire la queue à la poste de la calle Florida bondée de magasins et de harangueurs gazouillants « Cambio, dollars, euros, cambio ! » (l’inflation du Pesos argentin est tel que le change illégal, à taux plus qu’avantageux s’il ne s’y glisse pas de faux billets, est sport national toléré), remplissent à merveilles la partition vitrine de capitale occidentale un brin élitiste.
Après c’est dimanche, jour hebdomadaire de la féria de San Telmo : la rue Défensa, sur un bon kilomètre jusqu’au marché couvert et la Plaza Dorrego, est une accumulation d’étalages hétéroclites et d’objets en tout genre, où musiciens, artistes de rue, mimes, vendeurs de churros sont au rendez-vous, les terrasses des cafés sont combles; ça foisonne, ça brocante, ça s’invective, ça plaisante, ça sourit, ça n’arrête pas, ça donne tout le long envie de virevolter, de danser, d’embrassez qui vous voudrez.
En continuant vers le sud-est, le marcheur fini par arriver, en traversant La Boca, à la trop fameuse et pimpante rue Caminito qui, pour sur, claque, mais finalement moins que les rues sans touristes de l’arrière quartier, certes plus ternes mais nettement moins factices et bien plus éloquentes sur le style de vie des résidents. Merci au chauffeur soucieux du colectivo, qui, avec un grand sourire, accepta gratuitement (faute de l’exacte monnaie que réclame la poinçonneuse) de prendre à son bord pour retourner au centre, la touriste qui ne se savait pas égarée dans une zone réputée (supposée ?) malfamée.
Il faut aussi citer Eva Perón, Che Guevara, Mafalda, Diego Maradonna et le tango et les églises et toutes ces figures emblématiques qui émaillent partout l’histoire et l’ambiance de cette ville si séduisante et jour et nuit trépidante malgré une âme tourmentée et nostalgique. Buenos Aires a définitivement un goût de reviens-y et d’apprivoise-moi.
J’en ai un souvenir tout à fait différent… Hélas ! Trop grand, trop bruyant, trop peuplé, trop animé… Par contre oui, je suis d’accord avec ta dernière phrase. J’ai conscience d’être passé à côté de pas mal de chose et cela mériterait d’y revenir .
Très cher Gwendal : je suis de nature bien plus citadine (à défaut d’être urbaine) que toi; ceci explique sans doute cela…