Hué c’est comme un concentré de Vietnam : dans l’ancienne capitale impériale, plus visiblement qu’ailleurs, on croise, au milieu de l’habituel papillonnement et propagande urbaine, des vendeurs d’oiseaux encagés et d’autres de vestiges rouillés de l’offensive du Tết. La ville baigne dans la sirupeuse rivière des parfums, un pont Eiffel, anciennement nommé Clemenceau, relie la rive droite moderne à la vieille citadelle de brique, surplombée de son drapeau rouge étoilé perché sur le « Cavalier du roi », encerclée de douves et remparts fortifiés et irriguées de canaux encombrés de nénuphars.
Le rapport au temps relève ici de la dyschronie : la cité pourpre « interdite » est engourdie, ses pavillons, palais et le théâtre royal rococo, murmurent à un rythme assourdi, décalé de celui qui bourdonne sur les rives vertes et langoureuses du fleuve, déconnecté des circulations vrombissantes dans les artères foisonnantes. L’histoire, les histoires et maintenant se côtoient et se croisent sans se recouper pour créer un chœur typique, dissonant, pentatonique.
Et puis, comme à chaque fois dans ces contrées annamites, il y a les romantiques alentours où se perdre. Et chaque fois c’est un délice de parcourir la poésie des rizières et des vergers, la dignité des villages ignorés, le lyrisme des cours d’eau où glissent irréels et se reposent raffinés les sampans fragiles, de s’enfoncer dans les paysages aquarelles, lavis, de s’estomper dans cette espèce d’intemporalité souveraine, entretenue malgré les guerres et les invasions, préservée, restaurée contre empires et colonies.
Toujours autant de poésie dans tes mots… C’est un vrai plaisir.
Le Vietnam s’y prête vraiment (et je suis très loin des magnifiques lignes de Marguerite Duras sur ce pays) …
Marguerite Duras est l’écrivain (doit-on dire écrivaine ? A mon avis on pourrait, ce serait juste une habitude à prendre) qui ma fait découvrir ce que voulait dire le mot littérature. Par moment le plaisir que j’avais à lire ses lignes était détaché de leur signification, juste bercé que j’étais par l’harmonie des phrases et des mots. Et si demain j’avais la possibilité de partir, ça serait à coup sur dans cette région du monde, et d’abord au pays voisin, le Cambodge.
De la même manière que je n’ai pas tout aimé des écrits de Marguerite Duras, j’ai pour ma part préféré le Vietnam au Cambodge …
Et donc, puisque que vous y êtes allée, qu’est-ce qui fait que le Viet-nam à votre préférence en regard du Cambodge ? (PS qui est peut-être utile : vu l’histoire de la région, je précise que je ne milite pas en faveur du Cambodge. Je parle juste voyages.)
Il y a plus de diversité au Vietnam (paysages, cultures, religions, …) qu’au Cambodge qui de mon point de vue est beaucoup plus plat, monotone, monolithique (j’ai parcouru les deux en bus …). Faute à la mer notamment et sans doute.