Hue_1Hué c’est comme un concentré de Vietnam : dans l’ancienne capitale impériale, plus visiblement qu’ailleurs, on croise, au milieu de l’habituel papillonnement et propagande urbaine, des vendeurs d’oiseaux encagés et d’autres de vestiges rouillés de l’offensive du Tết. La ville baigne dans la sirupeuse rivière des parfums, un pont Eiffel, anciennement nommé Clemenceau, relie la rive droite moderne à la vieille citadelle de brique, surplombée de son drapeau rouge étoilé perché sur le « Cavalier du roi », encerclée de douves et remparts fortifiés et irriguées de canaux encombrés de nénuphars.

Le rapport au temps relève ici de la dyschronie : la cité pourpre « interdite » est engourdie, ses pavillons, palais et le théâtre royal rococo, murmurent à un rythme assourdi, décalé de celui qui bourdonne sur les rives vertes et langoureuses du fleuve, déconnecté des circulations vrombissantes dans les artères foisonnantes. L’histoire, les histoires et maintenant se côtoient et se croisent sans se recouper pour créer un chœur typique, dissonant, pentatonique.

Hue_PontClemenceauHue_3Hué

Et puis, comme à chaque fois dans ces contrées annamites, il y a les romantiques alentours où se perdre. Et chaque fois c’est un délice de parcourir la poésie des rizières et des vergers, la dignité des villages ignorés, le lyrisme des cours d’eau où glissent irréels et se reposent raffinés les sampans fragiles, de s’enfoncer dans les paysages aquarelles, lavis, de s’estomper dans cette espèce d’intemporalité souveraine, entretenue malgré les guerres et les invasions, préservée, restaurée contre empires et colonies.

Hue Palais ImperialHue_4Hue_Alentours