Se balader sur Hollywood Boulevard, sur l’avenue (« le cœur ouvert à l’inconnu ») la plus factice et tape-à-l’oeil du monde, donne rapidement envie de se prendre pour une star typée Jessica Rabbit dans Toonville. C’est un royaume de carnaval tapageur, de triste mascarade et de travestissements ubuesques.
Mais une fois passé les ages de s’extasier devant Mickey ou Dark Vador, de se faire photographier avec un sosie de Michael Jackson ou de s’ébaubir devant une superwoman gironde, le plus marquant, c’est que l’artère entière est pavée, en plus de ses étoiles roses pailletés, de prêcheurs fantasques de tout acabit qui racolent chacun à leur manière, pour leur paroisse, leur cause, leur pomme ou le magasin d’en face. Ce n’est qu’une autre “immense accumulation de spectacles” *, et même si toute harangue semble aussi stérile qu’un débat sur le sexe des supposés anges de cette cité, elle s’expose ici, pancartes et voix dehors, vindicative et desséchée.
Rien n’est moins glamour que cette promenade qui déploie pourtant tous les plaqués ors de la séduction. Ce qui la rend attractive, finalement, plus que son exubérance feinte, c’est son coté populaire, gouailleur, terriblement prosaïque, la réalité d’une foule d’hommes sandwich, de saltimbanques et de badauds replets qui voudraient tous matérialiser les mirages d’une gloire grassement affichés en pâture, mais qui s’arrangent de seulement vadrouiller sur une constellation imitation marbre, entre supermarchés, théâtres et églises.
* La Société du spectacle – Guy Debord 1967
