Ho Chi MinhPour aller de Phnom Phen à Ho Chi Minh ville, le bus met 7 heures, prend un bac (la traversée duquel laisse à peine le temps de se prendre pour un personnage de Marguerite Duras), longe la zone des Casinos scotchés en rang serré du coté cambodgien de la frontière, passe le poste de douane de style stalinien de Moc Bai et déboule de l’autre coté au milieu des deux roues de tout acabit et des femmes en chapeaux coniques. Les caractères sanskrits ont immédiatement disparus des enseignes et panneaux, les drapeaux rouge étoilé sont plantés devant chaque commerce et habitation.

Il y a des pays qui moins que tout autre ne peuvent se permettre de décevoir. Arriver au Vietnam via Saïgon ne laisse pas le temps de s’appesantir : la cité est comme un champs de blé sur le parcours d’une nuée d’insectes, il n’y qu’a s’asseoir n’importe où pour être soi aussi, de jour comme de nuit, dévoré par le flux continu d’hommes, de musiques, de motos, avalé tout cru par la circulation, englouti dans les odeurs et les couleurs de fruits, de nouilles et de fritures. C’est être dans le ventre de l’Orient, chahuté comme Jonas dans celui de la baleine, au chaud. Il n’y qu’a s’asseoir n’importe où et les histoires entendues, les romans lus, les films vus défilent à vif, à peine voilés par les nouvelles modes.

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La rue Catina (maintenant  Đồng Khởi) feutrée, artère élyséenne arborée, coloniale par excellence, va du fleuve à la cathédrale de briques rouges en passant par les grands hôtels de la belle époque (toujours en activité quand ils n’ont pas été investis par des marques d’outre luxe) et le théâtre art déco où, ce soir là, se joue à guichet fermé « l’âme du Vietnam ». A la grande poste centrale, magnifique bâtisse 19ème, haute de plafonds, ferronneries et moulures, terriblement rococo, un immense portrait de l’oncle Ho accueille et toise les visiteurs. A coté du musée de la guerre, dont l’aile consacrée aux reporters photographes est particulièrement poignante, il y a un hôtel Victory.

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