JackKerouacArrive un moment où le voyageur ne s’enquiert plus de savoir « quand est-ce qu’on arrive », il s’en fout. Il arrivera un peu plus tôt, un peu plus tard, de toutes façons, et pour partir encore ailleurs, un peu avant, un peu après. Le voyageur n’est qu’en mouvement, il circule, quand il s’arrête c’est pour organiser le déplacement suivant, quelquefois, il n’ouvre même pas son sac à l’escale.

Il sait que rien n’est plus authentique que les transports et il les a tous empruntés : chameau, éléphant, chariot tiré par des buffles, pousse-pousse, bicyclette, cyclo-pousse pédalier à l’avant ou à l’arrière, moto comme conducteur ou passager, triporteur, tuk-tuk individuel ou collectif, sorng Taa Ou, tyrolienne, pirogue, barque, barge et autres embarcations à rames ou à moteur, navette fluviale, cargo, jeep ou 4×4 partagés, métro, tramway, cable car, taxi (mal) négocié ou au compteur, voiture en tant que chauffeur ou à la place du mort, taxi-brousse, car local, régional ou national, bus assis ou couché, train idem, de jour comme de nuit, avion des lignes intérieures et internationales…

Le reste du temps, il marche : des kilomètres de quadrillage méthodique ou anarchique, de visites, de balades, de randonnées, de treks, de crapahutes, de grimpes d’escaliers ou de montagnes, de recherche d’une adresse introuvable,  …

Il ne rêve surtout pas de télé-transportation : il savoure, comme un apéritif en bonne compagnie. d’avoir à déguster les longues prochaines heures, souvent inconfortables mais vers l’inconnu, il se délecte de ce temps que n’occupe nulles autres intelligences que celles qui passent par ses yeux d’abord, puis sa peau, son nez mais aussi ses oreilles et sa bouche, il n’est que sens.

Chaque coin de rue, quai, station de bus ou de taxis, ponton, embarcadère, gare routière ou ferroviaire, aéroport, est un nouveau départ au rythme local : comprendre le fonctionnement, obtenir un ticket, marchander un trajet, se retrouver dans le trafic, partager une selle, un siège, une banquette, mal dormir, découvrir la logistique des arrêts, aires et transferts, se nourrir à la va-comme-je-te-pousse, … espérer arriver entier et toucher l’horizon.