A l’arrivée à la gare routière de Sucre après 20 heures de bus, la guérite touristique distribue un 16 pages broché, en français mal traduit, qui recense pas moins de 10 couvents, cathédrales, basiliques et églises des 16ème et 17ème siècles… et c’est effectivement toute une architecture religieuse, andalouse, indigène et métisse, majoritairement d’un blanc virginal, qui ordonnance cette capitale historique (où fut proclamé l’indépendance), déclarée (à juste titre) patrimoine de l’humanité par l’UNESCO.
Un natif sur trois se signe en passant devant chacun de ces édifices chrétiens.
Sucre à la douceur d’une friandise défendue; dans l’enceinte des patios coloniaux comme aux balcons aristocratiques sur rues, dans les parcs fournis en verdure et remarquable-ment entretenus, aux lumières ocres des fins de journées, il prévaut une nonchalance de notables ibériques expatriés, très catholiques et désœuvrés, presque patricienne. Il fait bon. Le marché central est un délice de vie colorées et fruitée, les marchandes en tabliers négocient leur production avec le sourire, la place d’Armes ombragée est une agréable agora méditerranéenne ouverte, la ville propose pléthore de musées et de lieux culturels.
Mais « El Libertador » comme Zorro sont de l’histoire ancienne, les belles façades et les soirées délicieuses ne cachent pas les laveurs de voitures loqueteux qui coincent les 4×4 rutilants aux carrefours bourgeois des quartiers administratifs, la mendicité est omniprésente, nombre d’enfants sont au travail quand ils ne sont pas à la rue. La pauvreté est opiniâtre, incrustée, comme inhérente à la condition amérindienne.
Chaque jour dévide, comme une immuable tradition contestataire, un défilé qui pourrait passer pour une procession, mais s’avère systématiquement une manifestation ouvrière, paysanne ou étudiante. La « révolution sociale » piétine désespérément au quotidien.
Il y aura des élections à la fin de l’année 2014; Evo Morales, actuel président de « l’État plurinational de Bolivie » y postule pour un 3ème mandat.