AndamanEtNicobarLes archipels sont une espèce naturelle d’attracteur étrange dont chaque terre, île par île, captive les imaginaires espiègles encore emplis de robinsonnade. Quand en plus rien que leur nom est mystérieux, qu’elles sont pour la plupart inhabitées, qu’elles nécessitent de traverser le suggestif golfe du Bengale et qu’elles font miroiter des plongées splendides, la déviation est magnétique. Andaman et Nicobar, mentionnées par une rencontre faite au Rajasthan, ont été, pendant deux mois, le point de mire aimanté du périple indien.

A l’arrivée à Port Blair, sur South Adaman, les autorités locales délivrent pour 30 jours un permis prohibant d’aller importuner les tribus insulaires endémiques (Les Jarawas) fort menacées par l’importation de virus coloniaux. Cette île principale demeure, malgré quelques infrastructures touristiques, aussi vivace que le bagne éloquent qui y fut utilisé pendant les temps difficiles de l’indépendance indienne. D’ici les bateaux ravitaillent les îles secondaires et la navigation jusqu’à Havelock offre son quota de marines d’où émergent, de mer et ciel confondus, terriblement attrayants, des cailloux émeraude indomptés.

Là, dans une hutte en bambou, au bout de la seule route, faisant face à la plage déserte et la marée, au bord de la mangrove, il n’y a plus qu’à se laisser bercer par le vacarme de la jungle et le rythme des trombes, saluer sous l’eau les raies, rascasses et poissons clown, parcourir et aimer la nature végétale et liquide, telle quelle, envahissante et poisseuse, royalement souveraine.

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Les îles ramènent toujours à la candeur primaire de l’enfance, quand une simple cabane laissait accroire au vaillant moussaillon d’un monde enchanté que c’était ça la vie, et ces îles là réveillent les instincts, curiosités et félicités de ce matelot intrépide jusque là oublié en soi à fond de cale.